
Les microbrasseries québécoises ont littéralement le vent dans les voiles. Leur nombre n’a cessé de croître depuis une dizaine d’années et leurs produits sont de plus en plus disponibles en bouteilles ou en canettes. Les dépanneurs et détaillants embrassent aussi cette tendance et laissent une place de choix aux bières artisanales dans leurs étals.
Les précurseurs
Certains hommes d’affaires ont devancé la vague brassicole. C’est notamment le cas de MM. Bélanger et Nadeau, qui ont acheté en 1987 l’établissement lévisien désormais connu sous le nom du Dépanneur Tout-Près. Au départ, le commerce faisait aussi office de boucherie et de boulangerie; ces deux fonctions ont été retirées au début des années 90 pour maximiser l’espace tablettes dédié aux bières. À cette époque, M. Bélanger avait eu bien du flair en commençant à vendre des bières de microbrasseries. Ayant aujourd’hui pris le relai, sa fille, Mme France Bélanger, avec sa fidèle gérante, Mme Maryse Gagné, tiennent aujourd’hui plus de 750 variétés de bières. Soulignons leur collaboration dans la création de deux cuvées spéciales – La blonde de Lévis par La Barberie et la IPA Lévisienne par Le Corsaire Microbrasserie – sans oublier leur implication depuis cinq ans dans le Salon de la bière lévisien, un événement-bénéfice au profit du Club des Lions de Lévis.
Être visionnaire comporte aussi son lot de risques… Sur une période de vingt ans, le Dépanneur Rivière-Blanche, situé à Thetford Mines, a d’abord essuyé deux revers quant à l’offre de bières artisanales; la clientèle n’était pas aux rendez-vous, relate l’ancien propriétaire, M. Damien Lacasse. Ce n’est que depuis la dernière et ultime tentative, il y a sept ans, que l’engouement se maintient. Plus de 325 bières québécoises, mais aussi quelques ontariennes, sont désormais disponibles à cette adresse, pour le plus grand plaisir des amateurs de houblon!
Le propriétaire du Dépanneur Petro-Canada de St-Henri, M. Serge Léveillé, a lui aussi vécu une situation similaire. Lors de l’ouverture du dépanneur il y a plus d’une décennie, il avait décidé de ne vendre que des bières de microbrasseries pour se différencier de l’épicerie où il était déjà propriétaire avec sa conjointe. Les difficultés des premières années ont fait place à une réputation qui n’est plus à construire.
La clé : l’éducation à la découverte des saveurs
Afin d’aider ses clients à choisir parmi ses 400 variétés, M. Léveillé et ses employés ont suivi une formation spécifique sur les bières de microbrasseries, dispensée par l’Association des marchands, dépanneurs et épiciers du Québec (AMDEQ). Des pastilles de couleurs, semblables à celles de la Société des alcools du Québec, seront bientôt implantées, si ce n’est déjà fait au moment de lire ces lignes.
Comme M. Léveillé, M. Charles Nadeau guide les consommateurs, les initiés comme les néophytes. Son plus grand défi est d’ailleurs avec ces derniers, car il doit d’abord les convaincre de goûter une bière artisanale parmi la centaine qu’il tient à la Boutique Chez mes Roses. « Amener le client à aimer la bière » est pour lui signe du travail accompli.
Des habitudes de consommation bien différentes
Dans la dernière année, Jimmy St-Pierre, copropriétaire du IGA St-Pierre et fils de Thetford Mines, a augmenté considérablement son inventaire de bières de microbrasseries, passant de 50 à 240 variétés. Pour lui, la progression est similaire à celle de son département des vins, et s’explique par l’intérêt grandissant de ses clients, qui « optent davantage pour la qualité que la quantité. »
M. Léveillé abonde aussi en ce sens : les bières de microbrasseries sont dégustées lentement, en petites quantités, peu importe l’occasion. Les accords mets et bières ont la cote, et certaines traditions s’installent lors de grandes festivités. M. Nadeau illustre : les dégustations de bières, de saucisses et de charcuteries ont remplacé la fameuse dinde de Noël dans bien des familles thetfordoises. Même son de cloche du côté de Mme Gagné pour ses clients lévisiens.
Microbrasseries de la Chaudière-Appalaches
En Chaudière-Appalaches, il y a sept microbrasseries; quatre d’entre elles (voir celles en gras) font actuellement la distribution de leurs produits en bouteilles ou en canettes en dehors de leurs propres murs. Ça ne saurait tarder pour les autres, surveillez-les!
- Le Corsaire Microbrasserie (2007, Lévis)
- Frampton brasse (2011, Frampton)
- Société microbrasserie (2011, St-Georges)
- Microbrasserie de Bellechasse, coopérative de solidarité (2013, Buckland)
- Microbrasserie La Boîte à malt (2014, Lévis, secteur St-Nicolas
- Ras l’bock artisans brasseurs (2015, St-Jean-Port-Joli)
- La Confrérie, microbrasserie (2015, St-Antoine-de-Tilly)
Photo à la une : Maryse Gagné, gérante, et France Bélanger, propriétaire, Dépanneur Tout-Près. Photo gracieuseté de Le Peuple Lévis.
Sources : - Dossier spécial sur les microbrasseries, par le Courrier Frontenac et La Voix du Sud, TC Média, décembre 2015. - Entrevue téléphoniques avec Le Dépanneur Tout-Près, 3 mars 2016.