Maude Guillemette, Agronome, Fertior
La lutte intégrée implique l’utilisation de différentes méthodes visant à contrôler les ennemis de cultures de manière à maintenir leur population en dessous du seuil de dommage économique. Pour ce faire, ces méthodes mettent de l’avant des stratégies culturales, physiques, chimiques et biologiques. Ainsi, la lutte intégrée a comme objectif premier de minimiser les effets néfastes des pesticides de synthèse sur l’environnement et sur la santé tout en préservant les rendements économiques des cultures. Une connaissance approfondie du système culturale, du cycle de vie de la plante cultivée et du cycle de vie de ses ennemis de culture est primordiale dans la mise en œuvre d’un programme de lutte intégrée.
La surveillance et le dépistage des insectes nuisibles et des maladies
Le dépistage dans les productions de petits fruits joue un rôle majeur dans la lutte intégrée contre les ravageurs. Il s’agit ici d’une méthode proactive consistant à surveiller régulièrement les champs pour identifier rapidement la présence d’insectes nuisibles, de maladies et de stress au sein de la culture. Cette pratique permet aux producteurs de prendre des mesures de prévention ou de correction ciblées, réduisant ainsi grandement les risques de perte de rendement qui mènent inévitablement à des pertes économiques.
Généralement, le processus de dépistage implique l’observation visuelle des cultures. On cherche entre autres à identifier la présence d’insectes, de larves, d’œufs, de symptôme de maladies ou de stress. Parfois, des techniques autres que l’observation visuelle sont nécessaires, telles que le piégeage à l’aide d’attractant ou de phéromones. (1)
La lutte phytosanitaire intégrée
Pour faire suite au dépistage, on documente les observations faites au champ en mentionnant la gravité, le type d’organisme nuisibles, les seuils observés et les stratégies de luttes possibles. Parmi les stratégies de lutte, on retrouve bien évidemment la lutte chimique, mais aussi, la lutte biologique et des méthodes culturales préventives.
La lutte chimique
Les produits phytosanitaires de synthèse constituent un outil efficace dans la lutte intégrée aux ennemis de culture. Il est cependant primordial de s’assurer de les utiliser quand le seuil d’intervention propre à l’organisme nuisible est atteint. Une bonne connaissance du cycle phénologique de la plante cultivée et du cycle de vie de l’organisme nuisible permet d’utiliser la lutte chimique au bon moment, soit le moment durant lequel la culture est à risque de subir des dommages importants. Par exemple, si on dénombre une grande population d’insectes qui sont nuisibles pour les fleurs du fraisier, on doit évaluer si la plante est à un stade phénologique vulnérable avant d’utiliser un insecticide (ex : floraison) ou non vulnérable (ex : mûrissement des fruits). (2)
La lutte biologique
La lutte biologique repose sur l’introduction ou la conservation d’organismes bénéfiques tels que les prédateurs, les parasites ou parasitoïdes naturels des ravageurs. Cette méthode de lutte est plus souvent utilisée dans le but de minimiser l’incidence des ennemis de culture. Elle cherche à maintenir un équilibre écologique dans le système cultural en favorisant les interactions naturelles entre les différentes espèces. Cela vise à créer des conditions où les ennemis naturels des ravageurs ont un rôle régulateur sur les populations d’organismes indésirables. (3)
Les méthodes culturales préventives
Différentes méthodes de gestion de culture peuvent être mises en œuvre dans le but de prévenir ou de retarder l’apparition de foyer d’infestation. Par exemple, le champ choisi pour la culture doit être régie de façon à ne pas être favorables aux organismes nuisibles. On recommande entre autres de lutter contre les mauvaises herbes afin de réduire la présence d’hôtes sauvages pour les indésirables. Des rotations de cultures sont aussi primordiales pour rompre le cycle d’infection et d’infestation des ravageurs. Aussi, des plants qui vivent des stress au quotidien sont moins résistants aux maladies et aux insectes. On recommande de choisir une parcelle bien drainée, d’irriguer les cultures selon les besoins et d’opter pour une bonne gestion des éléments nutritifs de manière à éviter un feuillage excessif, ce qui a le potentiel de rendre les plants plus vulnérables à certaines maladies. Finalement, n’hésitez-pas à contacter votre conseiller au sujet des stratégies de lutte intégrée à utiliser dans vos cultures de petits fruits.
1) Source : William Laforge, Fertior : moisissure grise sur fruit mûre
2) Source : Bernard Drouin, IRIS phytoprotection. anthonome du fraisier
3) Source : Christian Musat/stock.adobe.com (coccinelle mange un puceron)
La rédaction et la diffusion de cet article est rendue possible grâce au soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.