Josiane Lefebvre, agronome spécialisée en agroenvironnement
L’azote (N) a un rôle très important dans la productivité des cultures. En effet, l’azote entre dans la composition de la chlorophylle et par le fait joue un rôle dans la photosynthèse de la plante. Pour sa part la photosynthèse transforme l’énergie lumineuse en énergie servant pour la croissance des plantes.
L’azote est présent naturellement dans tous les types de sol. En effet, les microorganismes du sol se nourrissent des résidus de cultures et de la matière organique du sol. Cette activité permettra de libérer l’azote contenu dans ces matières. Vous comprendrez qu’ici la bonne santé du sol aura un impact majeur sur son potentiel de libération de l’azote par les microorganismes. Un sol bien aéré et structuré offrira un potentiel de libération d’azote plus élevé qu’un sol compacté par exemple.
L’azote est également un élément très mobile dans le sol. Ainsi sous forme de nitrate, il lui est facile de descendre dans le sol pour atteindre la nappe d’eau lorsqu’elle n’est pas utilisée par la culture. Ces pertes dans l’environnement contribuent à détériorer la qualité de l’eau et de l’environnement en plus de créer des pertes économiques pour les entreprises agricoles.
Au fil du temps, différentes recherches ont été élaborées en vue de trouver la meilleure méthode pour identifier le besoin de la plante. L’un des tests qui s’est révélé le moins onéreux et le plus fiable, c’est le test de nitrate en post levé du maïs. Sans être une méthode parfaite, elle offre un diagnostic rapide sur la capacité du sol à minéraliser (libérer) l’azote. Donc, le besoin ou la suffisante d’azote de la culture.
La méthode consiste à choisir une parcelle dont idéalement aucun engrais minéral à la volée en début de saison n’a été appliqué. Un échantillonnage de la parcelle doit être réalisé lorsque la culture est au stade idéal de 8 feuilles déployées, soit la période précédant la fermeture des rangs du maïs. De plus, afin de veiller à ce que l’activité microbienne soit présente, il est essentiel de prélever l’échantillon après un délai sans pluie de 3 jours. Une sonde d’analyse de sol d’une profondeur de 30 cm (12 po) est utilisée. L’échantillonnage se fait dans l’entre rang du maïs. Par la suite, l’échantillon peut être analysé en laboratoire ou pour plus de rapidité directement au champ par l’appareil Nitrachek 404.
Les résultats du test de nitrate doivent être interprétés de sorte que si la parcelle reçoit une fertilisation organique annuellement et que le résultat du test démontre un contenu du sol en N-NO3 du sol de 25 ppm et plus aucun apport de fertilisant ne devrait être ajouté à cette période. Cependant, si le contenu du sol en N-No3 se situe entre 10 et 24 ppm, la recommandation devrait correspondre approximativement à la moitié des recommandations du guide de fertilisation du CRAAQ. Finalement, si le contenu en N-NO3 est plus petit que 10 ppm, la recommandation du CRAAQ devrait être appliquée.
Dans le cas des retours de prairie avec apports de déjections animales dans la régie de culture de la parcelle, le contenu du sol en N-NO3 est souvent supérieur à 25 ppm, alors aucun apport supplémentaire ne devrait être réalisé. La santé du sol qu’engendre le retour d’une prairie réussit à compléter les besoins de la culture.
Pour ceux qui utilisent le diagnostic visuel du feuillage, il est important d’être vigilant et de ne pas conclure trop rapidement. Les carences en azote sont visibles sur les vieilles feuilles. Comme l’azote est mobile dans la plante, souvent les jeunes feuilles seront priorisées au détriment des plus vieilles. D’ailleurs, selon l’université « South Dakota State », si les observations sont effectuées à partir de la 5e feuille sous l’épi, le rendement ne serait pas affecté par le manque d’azote. Les observations doivent être effectuées entre le stade R2 (Gonflement soit 12 jours après l’apparition des soies) et R3 (Stade laiteux soit environ 20 jours après l’apparition des soies). De plus, pour réaliser un diagnostic adéquat, il faut vérifier que la carence soit réelle et non induite par d’autres facteurs limitant la disponibilité de cet élément. Par exemple, un sol dont l’aération serait limitée, ou une plante en sénescence hâtive, ou malade ou lors de période de sécheresse pourrait démontrer des signes de carence. Cette énumération des conditions qui pourraient affecter la disponibilité de l’azote est sommaire et non explicite.
Dans tous les cas, des conclusions trop hâtives suivant des diagnostics visuels pourraient engendrer une sur fertilisation, des pertes dans l’environnement et des pertes économiques pour les entreprises agricoles.
La rédaction et la diffusion de cet article est rendue possible grâce au soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.