Suivi spécialisé des cultures pour réduire l’utilisation des pesticides à la ferme.

Josiane Lefebvre, agronome spécialisée en agroenvironnement

Une autre étape pour limiter l’utilisation de pesticide : la régie de culture.

 

La planification des rotations de culture dans un même champ permettra de contribuer au succès de la culture suivante ou du moins ne pas limiter son potentiel de rendement. Par exemple, une culture de céréales qui suivrait une culture de maïs serait une mauvaise planification. La culture du blé est sensible à la fusariose (toxine) et le maïs l’est aussi. Une telle rotation augmente le potentiel de risque que le champignon soit présent lors de la culture du blé. La culture du soya devrait suivre la culture du maïs ou au besoin une céréale moins sensible à la fusariose devrait être semée.

Le choix de la semence est également une étape cruciale. Le guide spécialisé du RGCQ permet de comparer les hybrides ou cultivars entre eux et non seulement à l’intérieur d’une même compagnie. Ainsi, nous pouvons choisir une semence en fonction de ses performances de rendement attendu, du poids spécifique, taille, risque de fusariose, risque de verse, etc. Ainsi, en choisissant des variétés plus résistantes, on contribuera à limiter l’utilisation des fongicides.

Suivant l’analyse des données prélevées au champ, nous pourrions être amenés à moduler le taux de semis. Par exemple, dans le cas où nous savons que dans un champ particulier nous avons de la fonte de semis et que le taux de levé des plants est de 10 % inférieur que ce qui était prévu, nous serons amenés à majorer le taux de semis afin que la population soit meilleure.

 

L’ordre de semis des parcelles aura également un impact sur la compétitivité de la culture. Par exemple, les céréales sont des plantes résistantes au gel. Ainsi, si notre fertilisation avait été prévue à l’automne précédent cette culture, nous pourrions procéder rapidement au semis, soit dès que la portance du sol le permet au printemps. Dans ces conditions, les céréales semées, avec un taux de semis adéquat, auront l’opportunité d’atteindre ou dépasser le stade critique avant que les mauvaises herbes s’installent. Rappel, le stade critique de la culture est la période où la culture offre peu de compétition aux mauvaises herbes. Pour plus de détails, se référer à l’article précédent sur « Suivi spécialisé des cultures pour réduire l’utilisation des pesticides à la ferme ». Ainsi, si les conditions sont favorables, il est possible que la culture atteigne ce stade avant que les mauvaises herbes se pointent. D’ailleurs, il n’est pas rare que dans la culture des céréales d’automne que nous soyons dispensés d’une application d’un herbicide. 

 

Pour le maïs et le soya, ces cultures sont considérées comme des cultures modérément compétitives. Elles doivent être implantées dans des conditions climatiques ou le risque de gel est moindre. Dans ces dates de semis, les graines de mauvaises herbes annuelles seront probablement déjà en activité sous le sol. Un œil avisé pourra faire ce type de constat et recommander un travail du sol superficiel, soit la journée même ou précédente le semis de la culture. Dans ces conditions les mauvaises herbes ne bénéficieront pas d’une avance sur la culture. Ainsi, l’application de pesticides pourra être retardée.

 

Pour connaître les forces et les lacunes du système cultural de l’entreprise, l’aide d’un conseiller spécialisé est un atout dans la poursuite de l’amélioration de la régie de champs. Ce dernier visite vos parcelles à des moments clés. Il vérifie un ensemble de paramètres au champ. Suivant ces observations, il peut discuter avec vous des correctifs à réaliser pour la saison en cours ou la prochaine saison. Il pourra vous appuyer et vous conforter dans vos prises de décision.

La rédaction et la diffusion de cet article est rendue possible grâce au soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.