Vive les racines vivantes!

Dominique Fiset, Agronome, Fertior

On voit de plus en plus dans les champs à l’automne des herbes bien vertes qui font parfois contrastes aux résidus de maïs bruns. Est-ce que ce sont des mauvaises herbes? Et bien non, ce sont des cultures de couverture!

 

Le rôle des racines dans le sol

Les cultures de couverture sont des plantes sagement choisies par les producteurs agricoles et semés après le semis ou après la récolte de la culture principale dans un but d’amener des avantages fonctionnelles et structurantes au sol. (1) Pourquoi est-ce si important de conserver des racines vivantes dans un sol? Les racines vivantes excrètent des sucres, appelés exsudats, qui nourrissent les milliers de bactéries présentes dans le sol. Ces bactéries ont un rôle crucial à jouer. Ce sont elles qui soudent les particules de sol et de matière organique en petites mottes qu’on appelle des agrégats.  La formation de ces agrégats laisse des espaces vides dans le sol permettant à l’eau et à l’air de voyager d’y voyager. L’ensemble de ces espaces vides sont appelé « la porosité du sol ». Cette dernière permet de mieux abreuver les plantes et de laisser respirer les racines. Ainsi, ils serviront de réserve d’eau en cas de sécheresse.  Aussi, en plus de fournir de la nourriture aux bactéries du sol, les racines des cultures de couverture aide à diminuer l’érosion des sols dans les champs lors de fortes pluies ou à la fonte des neiges au printemps. Le sol étant bien accroché aux nombreuses racines des plantes, il ne sera pas emporté par la force de l’eau en contexte d’accumulations d’eau abondantes.

 

Portrait des différents types de racines

Les céréales

Le seigle d’automne, même à un stade très jeune (3 feuilles) est l’une des plantes qui développe le plus grand système racinaire, ce qui en fait une culture de couverture de choix si on souhaite réduire l’érosion du sol. (2)

 

Les crucifères

La racine d’un radis de tallage n’apporte pas les mêmes avantages que les racines de céréales puisqu’elle est composée d’une racine pivotante de gros diamètre. Cette racine permettra une plus grande amélioration de l’aération du sol et de l’infiltration de l’eau au printemps lorsque la racine sera morte et en décomposition. (3) Par contre, son effet sur l’érosion du sol sera moindre.

 

Les légumineuses

Les légumineuses, telles que les trèfles, le pois et les mélilots procurent un apport d’azote au sol et à la culture suivante grâce à leur capacité de travailler avec des bactéries qui fixent l’azote de l’air. On retrouve ces bactéries sur les nodules des racines. Ainsi, ce type de racine est plus souvent utilisé comme engrais vert. (4)

 

Autres avantages de l’implantation des cultures de couvertures

Le passage répété de la machinerie dans les champs au printemps et à la récolte cause de la compaction dans les sols agricoles. Les agrégats du sol se retrouvent serrés les uns les autres ce qui a pour effet de diminuer la porosité du sol. Cette compaction empêche donc l’air et l’eau d’infiltrer le sol. Une fois créée, cette compaction limite le potentiel de rendement du champ pendant plusieurs années. La présence d’une culture de couverture telle qu’un ray-grass intercalaire dans le maïs-grain (5) permet, en plus des avantages énumérés ci-haut, de mieux supporter le poids de la moissonneuse-batteuse à l’automne lors de la récolte et ainsi de diminuer l’impact que ces machines ont sur la compaction.

 

Voilà, ce ne sont que quelques exemples des nombreux bienfaits des cultures de couverture. Il est possible de les semer à la dérobée, après la récolte d’une culture, ou en intercalaire entre les rangs. Si vous désirez implanter des cultures de couvertures dans les champs de votre entreprise, n’hésitez-pas à contacter un conseiller en agroenvironnement de chez Fertior. Il sera en mesure de vous aider à bien cibler vos objectifs et à mieux choisir la culture de couverture à semer dans vos champs, selon les besoins.

Vive les racines vivantes !

Photo 1 : 23 octobre 2023 Dominique Fiset, agr., seigle hybride d’automne

Photo no 2 : 23 octobre 2023, Dominique Fiset,agr., racines de seigle d’automne,

Photo no 3 : 2022, Dominique Fiset, agr., Champ et racine de radis de thallage,

Photo 5, ray-grass intercalaire du maïs-grain, capture d’écran d’une photo de Semican

Photo no. (4) : 2024, Wikipédia, schéma simplifié montrant l’interaction mutualiste entre la plante et les bactéries symbiotiques dans les nodosités.

La rédaction et la diffusion de cet article est rendue possible grâce au soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

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