Par Nadia Chouinard, conseillère en agroenvironnement OptiConseils.
Dans la culture de maïs, certains ravageurs peuvent manger ou détériorer les semences ou les plantules, ce qui peut entrainer une mauvaise levée du maïs et des pertes de rendements. Les ravageurs les plus importants en terme de risque de pertes sont les vers gris, les vers blancs, les vers-fil-de-fer et les mouches des semis.
Afin de pallier à cette problématique, les semenciers et les producteurs agricoles ont choisi par le passé d’utiliser de façon systématique et préventive des semences enrobées d’insecticide. Les chercheurs ont cependant commencé à trouver des problématiques à l’utilisation du principal insecticide utilisé sur les semences de maïs : les néonicotinoïdes. En effet, ses impacts sur les abeilles ont été démontrés et il fallait agir pour limiter la dissémination de ce produit dans l’environnement.
Les insecticides sur les semences étant utilisés de façon systématique et préventive dans les champs, il était difficile pour les chercheurs et les producteurs agricoles de déterminer si ces insecticides étaient efficaces pour tous les champs de maïs. Geneviève Labrie, chercheuse au Centre de Recherche Agroalimentaire de Mirabel, décida de répondre à cette question : en avons-nous vraiment besoin ?
D’après les études menées au Québec entre 2011 et 2016, « moins de 5 % des sites avec des comparables traités et non-traités avec des insecticides de semence présentaient des populations de ravageurs suffisantes pour justifier l’utilisation de méthodes de
lutte »[1] . Elles ont aussi montré que le principal ravageur qui devait être contrôlé est le ver-fil-de-fer (voir image à droite). Les autres insectes sont présents, mais de façon plus sporadique[2]. La réponse à la question fut donc : nous en avons PARFOIS besoin! Des seuils d’intervention pour déterminer le risque de dommage ont donc été créés pour permettre aux producteurs agricoles de savoir quand l’utilisation d’insecticide sur les semences est justifiée.
À la suite des résultats de recherche, en 2018, le MELCC a interdit l’utilisation des néonicotinoïdes sans avoir au préalable une justification agronomique d’un agronome. En 2025, cette justification agronomique sera nécessaire pour toutes les semences de maïs qui seront enrobées d’insecticide[3]. Une évaluation par un conseiller en agroenvironnement est donc nécessaire pour déterminer le besoin d’utiliser des insecticides sur les semences. Comme les autres clubs-conseils en agroenvironnement, chez OptiConseils, nous offrons le service de dépistage qui permet aux producteurs agricoles de faire les bons choix!
[1] Source : (Labrie et coll., 2020.) Grille de référence et ligne directrice concernant la recommandation sur l’utilisation des traitements de semences insecticides dans le maïs et le soya. Ordre des agronomes du Québec. 2020
[2] Source : Liste des hybrides de maïs disponibles pour la saison 2023 sans traitements de semences insecticides (avec ou sans fongicides) ou certifiés biologiques. Bulletin d’information — grandes cultures. Réseau d’Avertissements phytosanitaires. 15 nov. 2022
[3] Source : Site internet. Les pesticides les plus à risque. MELCC. https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/protection-de-lenvironnement/pesticides/application-milieu-agricole/comprendre-justification-prescription-agronomiques. Consultation 06-02-2024
La rédaction et la diffusion de cet article est rendue possible grâce au soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.
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Suivi au champ — Printemps 2020. Crédit photo : OptiConseils