Par Bruno Couture, directeur général de la TACA
La Table Agroalimentaire de la Chaudière-Appalaches (TACA) est une table de concertation. Il existe dans presque toutes les régions administratives de la province de Québec, des tables de concertation.
Dans le cadre de la nouvelle entente sectorielle de développement du secteur bioalimentaire de la région, j’ai constaté que la définition de concertation était mal connue ou même galvaudée.
Certaines personnes diront que nous jouons sur les mots dans les lignes qui suivent. Mais il est primordial d’utiliser un langage commun et adopté par tous pour pouvoir s’entendre. Malheureusement, notre belle langue française possède des mots qui peuvent avoir plusieurs sens. C’est ce qui donne de très bons jeux de mots pour ceux qui maîtrisent bien le français. Lorsque les mots peuvent avoir divers sens, il faut se référer à la définition pour être certain que nous utilisons le juste terme.
Nous avons des conventions établies avec les années. Le mot banane aurait pu être utilisé pour désigner ce que nous connaissons comme une pomme et vice et versa. On ne commencera pas à changer la définition du mot banane parce que l’on ne connaît pas le mot pomme. C’est la même chose pour la concertation. Il faut revenir à la définition et ne pas utiliser le mot à toutes les sauces pour se donner bonne conscience.
Afin d’éviter les discussions sur quelle est la bonne définition du mot, je vous en présente quelques-unes.
- Hubert Touzard qui a écrit le livre : Médiation et la résolution de conflits propose d’utiliser le mot concertation pour qualifier des situations où l’objectif est de résoudre ensemble, un problème par un processus coopératif.[1]
Sinon, « la concertation est un processus par lequel des acteurs se rassemblent pour discuter entre eux afin de s’entendre sur une solution à apporter à une problématique commune. »[2]
Enfin, Larousse nous mentionne : « Pratique qui consiste à faire précéder une décision d’une consultation des parties concernées ».
Je n’ai pas trouvé au MAPAQ une définition de concertation. Cependant, le Ministère du transport propose ce qui suit : « Le Ministère s’est doté de processus de concertation afin de favoriser le dialogue coopératif avec l’industrie et les intervenants concernés. Ce processus permet de trouver des solutions aux problématiques reconnues et d’établir les consensus nécessaires à l’amélioration continue. »
Donc, dans toutes les définitions, il faut avoir un groupe de personnes qui discutent, échangent pour en arriver à solutionner quelque chose.
Il doit y avoir une décision à la fin du processus, sinon, c’est un simple débat[3]. Ainsi, si on fait un tour de table pour savoir ce qui se passe chez les intervenants, ou dans leur industrie, alors ça devient une discussion ou même un sondage.
Parce que le processus implique plus d’une personne, on sous-entend l’avantage de tirer profit des compétences, des forces de tous les participants et la synergie du travail en équipe. Ce n’est pas sans rappeler l’équilibre de Nash de la théorie des jeux. En d’autres mots : une situation dans laquelle aucun des joueurs ne peut trouver de meilleure stratégie de jeu, compte tenu des stratégies choisies par les autres joueurs.[4]. En travaillant ensemble, tout le monde gagne, peut-être à des degrés divers mais tout le monde gagne.
Les conditions de réussites d’une concertation peuvent peut-être aider à bien comprendre le terme.
1) Les objets et le besoin de se concerter doivent être clairs et partagés à tous: il doit y avoir un besoin d’agir. On voit dans la littérature le mot : urgence. Il faut faire attention alors je préfère : le besoin d’agir. Donc, tous les intervenants doivent être en accord sur la raison pour laquelle il doit y avoir une action.
2) Les objectifs et les attentes de chacun doivent être clairement exprimés: que viennent chercher les participants ? Quels résultats les participants recherchent-ils?
3) 5 conditions de mises en œuvre:
- Il faut que les partenaires délèguent les bonnes personnes. Les personnes habiletés à les représenter, à prendre de décisions et de comprendre qu’elles sont là pour trouver une solution qui est régionale (si je l’adapte à notre situation);
- Il faut définir dès le départ les procédures de gouvernance, de planification et de gestion du groupe : entre autres, il faut s’entendre sur les rôles et responsabilités des participants;
- La circulation de l’information au sein du groupe doit être fluide;
- Préciser dès le départ les règles déontologiques, le respect entre les individus, la diffusion des discussions, etc.
- Prévoir un suivi du processus de concertation.
C’est implicite mais c’est toujours bien de le répéter. La concertation repose sur plusieurs principes fondamentaux :
- Inclusivité : Toutes les parties prenantes concernées sont invitées à participer au processus de concertation, garantissant ainsi une représentation équilibrée des intérêts et des points de vue.
- Transparence : Les informations pertinentes sont partagées ouvertement entre les participants afin de favoriser la confiance et la compréhension mutuelle.
- Respect : Les opinions et les besoins de chaque partie prenante sont respectés et pris en considération lors de la prise de décisions.
- Collaboration : Les participants travaillent ensemble de manière constructive pour trouver des solutions qui bénéficient à tous
En résumé, la concertation est un processus dynamique et inclusif qui favorise la collaboration et la résolution de problèmes. En encourageant le dialogue et la prise de décisions conjointes, la concertation permet de construire des relations durables, de promouvoir le consensus et de créer des solutions efficaces pour les défis auxquels nous sommes confrontés.
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[1] La « concertation » : un terme flottant pour un domaine mouvant ? Laurent Mermet Dans Négociations 2006/1 (no 5),
[2] http://www.projetespaces.ca/fiches_details.asp?id=120
[3] https://www.toguna.io/definition-de-la-concertation/
[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quilibre_de_Nash