Une lutte pas comme les autres
Par: Gabrielle Paré et Sandra Dufour, conseillère en agroenvironnement, OptiConseils
La lutte intégrée des ennemis des cultures a pour but de gérer les insectes, les mauvaises herbes et les maladies qui sont néfastes pour les cultures, tout en protégeant la santé et l’environnement et en étant le plus efficace et économique possible. Avant de faire une recommandation de traitements pesticides, une conseillère doit se poser plusieurs questions avant de passer à l’action. Ce qui est recherché, c’est d’appliquer un pesticide uniquement lorsque c’est nécessaire. Pour ce faire, il y a des étapes qui aident à la réflexion.
La première étape c’est de connaître les principaux ravageurs de la culture en question. S’agit-il d’une maladie, d’une mauvaise herbe ou d’un insecte ? Sont-ils là pour de bon ou leur passage n’est qu’éphémère ? Vont-ils hiberner ? À quel moment sont-ils vulnérables ? Ont-ils un ennemi naturel ? Comment traiter si le problème est nuisible ? L’ensemble des informations retenues vont permettre de passer à l’étape suivante ; la prévention.
La prévention a un impact direct sur l’application de pesticides ou non. Il est possible de contrôler certains ravageurs sans avoir à appliquer de traitement. La prévention commence dès l’achat des semences. Des semences adaptées résisteront mieux à certaines maladies par exemple. Réviser la période du semis, améliorer le drainage et la fertilisation, nettoyer les équipements de travail de sol afin de ne pas épandre de mauvaises herbes dans d’autres champs, nettoyer les semoirs et les batteuses diminue les risques d’infestation. L’aménagement d’habitat, comme des haies brise-vent, pour attirer les ennemis naturels, est aussi un moyen de lutte. Cependant, même si les méthodes de prévention sont excellentes, il est important de faire le suivi des champs.
Le suivi aide à déterminer si une méthode de lutte doit être utilisée et laquelle. Il faudra faire l’identification et le dénombrement des ennemis présents en faisant du dépistage visuel et du piégeage. La quantité d’ennemis trouvés comparativement à la quantité de « bons » ennemis naturels influence la prise de décision. Il faudra encore évaluer si l’ennemi à éliminer est en fin de vie ou au début. Par exemple, si un champignon est au stade d’envoyer ses microscopiques particules dans l’air, il est plus nuisible que s’il est mort desséché. Plusieurs outils sont mis à la disposition des intervenants et des producteurs agricoles afin d’effectuer une lutte intégrée la plus complète possible. On retrouve, entre autres, des plateformes comme le Réseau d’avertissement phytosanitaire (RAP). Celui-ci permet de rester informé sur le développement régional des ennemis de cultures et les stratégies d’intervention possibles.
Après vient l’étape de l’intervention. Que faut-il faire pour améliorer la situation de mes champs problématiques ?
Faut-il envisager de changer la culture pour la prochaine année, faire du sarclage, appliquer un pesticide ?
Les données récoltées au cours de la saison seront analysées dans le but d’ajuster et de planifier les stratégies pour l’année à venir. C’est un processus essentiel afin de protéger la santé de la population et l’environnement. Il sert aussi à choisir ce qui est efficace et économique pour les producteurs agricoles. C’est une démarche complexe qui permet de nourrir le monde !
Sources
PGQ. (2019). Lutte intégrée contre les ennemis des cultures. PDF.
MAPAQ. (2022). Gestion des ennemis des cultures. Repéré à https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/Agroenvironnement/reductionpesticides/gestionennemiscultures/Pages/Ennemisdescultures.aspx
MAPAQ. (2023). Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP). Repéré à https://www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/Productions/Protectiondescultures/Pages/reseau.aspx